Y a cette douleur infernale qui me bouffe. Les phalanges éclatées sous la rage. Y a cette jeune peinture sur le mur, tout de rouge vêtue. Ma première œuvre, premier signe de mon échec et de mon absence d'appartenance a ce monde. J'empeste la mort et la violence. Besoin, pourtant de voir du monde. Juste pour vider mes poumons un bon coup. Hurler ou murmurer des horreurs et puis, quelques perles de douceurs. Besoin de faire sortir ces mots bloqués au creux de ma gorge. La nuit laisse place au jour. Voila donc vingt quatre heures d'écoulées. Pas un bruit. Juste le silence qui me déchire l'esprit. Tu sais, j'ai que ça. Juste un amas de colère que j'arrive pas a évacuer. Pourtant, j'entend encore mes cris dans la nuit, j'sens encore les blessures sur ma peau. La chair a vif, et les nerfs aussi. En tailleur dans ce désert grisâtre. Y a quelque chose de terriblement triste, quelque chose de malsain dans mon existence. Comme une œuvre inachevée, laissée la, a l'abandon. Voila comment j'me sens. En exil. Loin de tout et de tous, alors qu'il y a peut être d'autres personnes comme moi, a quelques pas. Tu sais, j'ai pas la force de bouger. Y a mon corps qui s'enfonce dans la tristesse. Ca aussi, ça me dévore. Cadavre sur le bas coté. J'suis juste fatigué mais, je dors pas. Y les paupières qui se ferment mais, le cœur qui s'emballe constamment. Trop de questions. Pas de réponses. Plus que cette colère qui s'exprime a chaque instants mais, que rien n'apaise. Une bête en cage.  

Tu sais. J'ai pas les mots, j'ai que les cris. Juste un raclement de gorge. Juste un embrasement général. Le sang coule encore ce matin. J'ose plus y toucher mais, je fixe mon massacre et aussi étrange que ça puisse paraître, ça me fascine. Ça m'apaise, de voir un peu de couleur dans tout ce chaos. Un peu de couleur, au prix de ma raison. Ma folie pour une illusion de douceur.  

- J'vais crever la.

Que je m'autorise a lâcher dans ce silence. Un peu maladroitement, penchant la tète en arrière, calant celle-ci contre le mur. C'est pas de l'absence de courage ou même d'envie qui m'empêche de bouger. Non, c'est cette violence. Ce truc mauvais que j'sens en moi. Que je balance déjà. Besoin de cracher ma haine, de cogner, de bousiller. Besoin d'exister comme ça, brutalement. Alors je me surprend déjà a fuir les autres, ou du moins, a ne pas chercher a les voir. Mais, j'oubli juste un infime détail. Si le monde abrite d'autres personnes dans mon état, ils vont me tomber dessus un jour ou l'autre.