L'air qui balayait mon visage, présence d'une nature que l'on ne pouvait renier. Un vent frais, désagréable dans sa violence spontanée. En battant des cils, le paysage flou s'agrémenta de quelques détails, de motifs sans envergure. Le tout d'un gris fade, amer, d'un goût absent, et d'une odeur nauséabonde. Pour seule mélodie, la brise qui manquait de m'emporter dans chacun de ses pas. Et dans ma tête, dans les méandres de mon esprit fébrile de ce nouveau contact à la vie, le vide. Un néant profond dans lequel je pouvais m'imaginer tomber pour l'éternité. Je me perdais dans les doutes qui me submergeaient, sans aucun regret, aucun souvenir, aucune erreur de laquelle me souvenir pour tirer mon jugement. Que ma silhouette recroquevillée, cette cité déserte, et mes pensées qui n'avaient pour se raccrocher qu'un présent cruel. Un frisson parcourant mon échine, l'horizon qui défilait sans limite, le décor se dessinait dans un silence morbide où l'on cachait les cris, les pleurs, et l'incompréhension. Le terrible cauchemar ne se fuyait pas, il était là, posé comme une évidence que je n'avais la force d'affronter. J'eus perdu tout notion, et la peur trouva son délicieux sentier dans cet éveil. Pire que la mort, s'imposait le passé raturé. Un gargouillement résonna de mon ventre creusé par la soif, la faim, et la répulsion. La frontière à la bestialité franchie, la prescience sauvage se révélait sous ma famine. L'instinct de survie s'imposant comme maître du jeu.